7000kms d'ultra distance avec Bertrand Berger

7000kms d'ultra distance avec Bertrand Berger
Bertrand Berger est un ami proche et un passionné vélo. Chez Matchy Cycling, nous l'avons équipé et accompagné lors de cette folle année d'ultra distance. Voici son récit lors de ce challenge hors normes : réaliser 7 ultra distance en 2022 !

🇵🇹 Bikingman Portugal 

⏱Lundi 05h : Le départ.
Pas de plan particulier à part celui de franchir l’arrivée en un seul morceau. Au bout de 300m dans un faux plat montant je me retrouve seul et décide de partir devant pour me faire plaisir et rouler soutenu jusqu’au CP1.



⏱Lundi 17h15, Km340 : Arrivée CP1.
Tout va bien, je décide de repartir vite et de maintenir l’allure soutenue jusqu’au CP2 afin de maintenir l’écart et user les poursuivants.

⏱Mardi 08h30, Km725 : Arrivée CP2.
La stratégie a fonctionné, toujours en tête, l’écart est creusé avec 40km d’avance sur le second. Je vais bien, peu de fatigue malgré une nuit de pédalage sans discontinuer et de très bonnes sensations dans les jambes. Je décide de repartir rapidement direction l’arrivée et de gérer mon allure en fonction des poursuivants.

⏱ Mardi 18h15, Km915 : Le Déluge.
Tout se passait parfaitement bien jusqu’à ce que la pluie commence à tomber.
J’enfile k-way, gants Néoprène et continue ma route… Il n’aura pas fallut plus de 3 minutes avant que je me retrouve trempé. Je suis en plein raidard quand la pluie me bat et redouble d’intensité et que des grêlons s’invitent à la fête.

En 30 sec la route passe de « légèrement humide » à « torrent ». La température a chutée de plusieurs degrés instantanément… et bien sûr autour de moi… rien à l’horizon pour s’abriter. Je me retrouve donc sous cette pluie battante qui me glace les os, et à me faire marteler de grêlons sans pouvoir me mettre à l’abris.
Je décide de rebrousser chemin et descends aux maisons situées 1km en aval, et parviens à me mettre à l’abri sous un porche. F.R.I.G.O.R.I.F.I.É


Frigorifié c’est bien le mot, je tremble tellement que j’ai du mal à enfiler mes jambières et sur chaussures. 30 longues minutes défilent quand la pluie se calme enfin, je repars donc… mais ne vais pas bien loin.. Je sens que mon corps à froid, je tremble à en faire basculer le vélo et j’hyperventile de manière incontrôlable.
En quête d’un refuge au plus proche, je finis par atteindre un abri-bus avec difficultés. Impossible ni de me réchauffer, ni de calmer ma respiration ou bien de stopper les tremblements. Malgré ma peine à me mouvoir, j’arrive à me déshabiller et déploie ma couverture de survie.

Les « Race Angels » arrivent en moto pour me porter soutien et assurer ma sécurité. L’abandon n’est même pas une option…

2h plus tard, le corps n’a pas très chaud mais va mieux et le mental reste intact. C’est avec la couverture de survie en guise de baselayer et mon k-way jaune fluo par dessus pour tenir le tout et être vue, que je repars avec pour idée de m’arrêter au prochain village pour me restaurer.

Je me souviens de l’instant précis ou, dans un bruit tonitruant de chaussures qui claquent au sol et de couverture de survie froissée, j’entre dans le bar et capte immanquablement tous les regards interloqués des locaux, probablement en admiration devant mon style digne des plus beaux podiums de la Fashion week .

⏱Mardi 21h20 : Ca repart !
3h de perdues et ma place de leader également. Mais il est temps d’atteindre enfin cette foutue ligne d’arrivée !
La nuit est tombée, il fait froid et humide mais c’est pas grave il faut finir le travail.
Je repars donc à un rythme tranquille en accélérant un peu dans les quelque montées restantes et en y allant doucement dans les descentes afin de ne pas trop me refroidir.

⏱Mercredi 01h10, Km1006 : Arrivée.
Enfin je la franchis, en 2de position.
Du monde est là pour m’accueillir chaudement, on me remet le t-shirt et la médaille de finisher.
Beaucoup de satisfaction d’avoir achever le challenge mais forcément de la déception d’avoir laissé filer impuissant cette 1ere place. Partie remise !
Temps final : 44h10 (39h de déplacement)

 

 

🇫🇷 Bikingman Corsica

« Les jambes mais pas la tête »
☝🏼S’il y a une chose à retenir en terme d’expérience vécue sur ce challenge en Corse me concernant, c’est effectivement qu’un physique au top du pic de forme n’est que peu de chose si le mental de fer n’est pas au soutien derrière.

🦾 La prépa / récup post Portugal ce sont parfaitement passées.
La veille du départ les jambes et le mental sont plus que d’attaque, prêts à aller au bout de cette aventure Corse.
Pas de stratégie particulière, rouler aux sensations comme d’habitude, mais la ferme intention de performer au mieux afin d’accrocher un podium et pourquoi pas une victoire sur ce parcours mythique qui fait rêver tant d’ultra cyclistes, moi y compris.

🕦 Dimanche soir 21h, quelques heures avant le départ : tout bascule…
Je m’apprête à éteindre le portable pour aller me coucher quand je reçois ce sms.
Un très bon ami « aurait » mis fin à ses jours dans des circonstances horribles.
L’info est incertaine, j’espère qu’elle ne sera pas avérée.
Je ne ferme pas l’œil de la nuit.

🕦 Lundi 04h30 : sur la ligne de départ.
Je fais abstraction de la nouvelle non confirmée pour le moment, je garde de l’espoir et essaye d’enfouir cette angoisse, ne pas me laisser envahir pour me concentrer sur la course. Je sais que ce sera éprouvant, j’ai commencé à griller une partie de mon capital sommeil n’ayant pas dormi les heures précédents le départ.



🕦 Lundi 05h : Et c’est parti !!
Je pars seul en tête à mon rythme, en gestion, mais creusant l’écart malgré tout sur mes concurrents. Au petit matin, la température est parfaite, tout est optimal.
Tout se passe très bien, je maintiens mon avance jusqu’au km200.

🕦 Lundi 12h, Km200 : Je reçois le sms qui confirme le drame.
Tout s’écroule, j’en ai les jambes coupées, je suis anéanti, je dois m’arrêter.
« Qu’est c’que j’fous sur mon vélo ? », envie d’abandonner, motivation partie en fumée, combativité évaporée…
Envie de pleurer, de crier, de comprendre mais certainement pas de me lancer dans un challenge de 1000km en conditions de chaleur extrême, ni de rester 48h seul avec moi même et mes pensées accablantes.

🙏🏼 Je remercie mes proches, famille et amis qui par leurs mots ont réussi à m’insuffler un brin de persévérance.
Finalement l’abandon n’est pas une option. Cela voudrait dire renoncer à mon défi de boucler l’intégralité des 7 challenges.
Je me remets donc en selle avec pour seul objectif, non plus de performer car je n’en n’ai ni la force ni l’envie, mais seulement celui de rallier l’arrivée quelque soit le chrono.

😓 Je vivrai les 800km restant comme un véritable long et tempétueux chemin de croix. Heureusement l’île de beauté est magnifique, les paysages sont à couper le souffle. 

🕊 Mes derniers mots iront à Marco.
Tu n’étais pas qu’un ami, un binôme, un frère d’armes… tu étais surtout mon frère de cœur.
Nous avons passé ensemble d’inoubliables moments qui resteront gravés à jamais.
Cette ligne d’arrivée je suis allée la chercher pour toi.
Je ne t’oublierai jamais mon ami.
Reposes en paix. 🙏🏻

 

🇫🇷 Bikingman France

« Ou quand le défi d’enchaîner l’intégralité des Ultra de la saison prend sens… »

🦾 La prepa / recup précédant cette épreuve ne se sera pas tout a fait déroulé comme prévu.
Tout d’abord, l’intervalle de récup fut plus court, 2 semaines seulement.
Des vacances au top mais peu reposantes 😅 ainsi que des contres temps professionnels vinrent se greffer au programme, ne me laissant pas suffisamment de temps ni pour me reposer ni pour rouler et ainsi effectuer une récup de qualité.

🕦 Lundi matin 5h : Le départ
Contrairement aux précédentes épreuves, je décide cette fois-ci de partir dans la dernière vague afin de profiter de l’ambiance des départs.
Stratégiquement, tous les concurrents que je rattraperais et doublerais seraient derrière moi d’un point de vue chronométrique.



🕦 Les premiers km…
Je pars relativement vite mais je sens immédiatement que les jambes sont fatiguées à défaut d’une récup de qualité. L’enchaînement des épreuves se fait déjà sentir et dans 3 semaines ce sera à nouveau le départ du Bikingman X.
Cette perspective en tête, Je calme donc le rythme et me cale sur un rythme de croisière correcte mais la chaleur accablante (44degrés au compteur) va mettre la plupart des participants dans la difficulté moi y compris.

🕦 Jour 1
Ce lundi fut certainement le jour le plus difficile que j’ai pu connaître sur un vélo.
Je décide donc que mes siestes se feront l’après-midi durant les grosses chaleurs afin de me permettre de rouler davantage avec la fraîcheur de la nuit.
Suite à ma première sieste je me fais rattraper par les participants doublés précédemment et c’est à ce moment que mon épreuve va prendre une tournure différente de celle initialement imaginée.


🕦 L’épreuve en gros…
Habitué à rouler devant, la tête dans le guidon, je découvre cette fois ci une autre facette de l'ultra.
Une épreuve sportive qui se transforme davantage en aventure humaine, riche de rencontres, discussions et bon temps partagés.
Durant ces 1000km, je vais faire des rencontres, profiter du paysage en jouant la gestion à fond pour ne pas user mes jambes déjà fatiguées en début d’épreuve.

🏁🏅Finisher
Au final, un peu plus de 81h de course, très loin de la gagne sur cette épreuve.
Mais j’y ai gagné bien plus !
J’ai vécu une aventure sportive forcément mais avant tout humaine, jalonnée de belles rencontres et de moments de vie inoubliables.

Maintenant place au repos et à de la recup de qualité cette fois, avant de remettre ça dans 2 semaines sur le Bikingman X.

 

 🇫🇷 Bikingman X

« C’était un chantier mais on aura bien rigolé »

🏁1000km de casse pattes
⛰50 cols franchis - 26500D+
🔥Canicule Survivor
⛈Pluie, Orages
📈48C° sommet Col de La Croix de Fer
📉0C° sommet Col de la Bonette
🚵‍♀️ 3kil de Gravel a 12%



Mais c’était aussi des copains, du partage, du soutien, des glaces à l’eau à gogo, de la bouffe encore et encore, de la sueur encore et encore aussi, des diabolos grenadine, des coups de chaud, des orages, des vraiment gros orages, du découragement parfois (souvent), des insultes, des fous rires, encore des insultes, des paysages à couper le souffle (heureusement), de la fatigue, beaucoup d’adrénaline, des chambres d’hôtel 5* à Val d’Isère avec baignoires XXL, de la bienveillance, des sourires… de ceux qui vous donnent la rage de continuer d’avancer 💪🏼

Bref c’était INTENSE ! Sportivement monstrueux, humainement incroyable…

 

 

🇫🇷 Bikingman AURA

L’épreuve AURA fut pour le coup une aventure inédite, jonchée de galères et d’imprévus !

⚙️ Problèmes mécaniques avec une roue libre qui casse dès le km20.
🤕Des ampoules de la mort (mais vraiment), des douleurs aux genoux et des cales bousillées… pour cause, la 20 taine de km qu’il m’a fallut parcourir en courant pour rallier un shop et un atelier de réparation.
😤 Finalement, km750, la roue libre casse à nouveau… Je suis forcé de fixer la cassette aux rayons avec des colliers de serrage pour venir à bout, en pignons fixes (!!!), des 250km me séparant de l’arrivée.

Ces dernières semaines furent donc orientées récup physique et réparations mécaniques ! 

 

🇫🇷 Bikingman Euskadi

« Les Pyrénées 🤩… »

🏁Départ lundi matin 5h : 1000km au programme et 23000m D+ à travers les Pyrénées.
⛰Pour un puncher/rouleur comme moi, ce fut sans doute le parcours le plus éprouvant.
Habitué des longs cols roulants des Alpes, le menu fut différent ce coup ici et beaucoup plus épicé !
1000km très escarpés, jonchés régulièrement de rampes parfois longues à plus de 20%, avec des bitumes souvent très abîmés…
😮‍💨Ajouté à cela, la fatigue accumulée sur ce 6em ultra de 1000km en seulement 4mois…

Une première sur ce genre d’épreuve : les crampes.
Je fus globalement gêné tout du long et obligé de m’arrêter plus souvent et longtemps à cause de crampes incessantes aux adducteurs..
Les nombreux bidons d’eau salée que j’aurais bu m’auront sauvé sur ce coup !

🤩Ce fut également sans aucun doute un des plus beaux parcours !
Les Pyrénées, une première pour moi.
Un régal pour les yeux du début à la fin avec la découverte de paysages toujours plus grandioses qui sont venus adoucir la douleur de l’effort…

 

🇧🇷 Bikingman Brasil

Retour sur mon aventure dans l’impitoyable jungle Brésilienne. 7ème et dernière épreuve du challenge

Elle fut sans le moindre doute la plus difficile.
Pour la faire courte, de ma vie, je n’ai pas le souvenir d’avoir un jour autant souffert (physiquement et mentalement), que sur ce bourbier brésilien.
Même lors de mes années d’armée chez les chasseurs alpins, durant mes stages commando et de survie, je n’ai le souvenir d’avoir poussé mon corps a ce point à flirter avec les limites.



🌧 Sans parler des pluies battantes et torrentielles, quasi discontinues pendant 3jours et demi qui ont rendu le terrain très instable, glissant et technique, voici quelques faits marquants de mon aventure :

km270 :
RIP ma batterie externe, noyée ! Je rachèterai par la suite une autre batterie mais n’aurai pas les bons port usb ce qui m’obligera tout de même à faire des arrêts réguliers chez l’habitant pour recharger sur secteur mes différents appareils.

⛓km420 :
Ma chaîne casse dans la nuit, au milieu de nul part, je marche donc jusqu’au petit matin jusqu’à la prochaine ville où je trouve un habitant capable de faire les réparations avec une disqueuse et un marteau 😅 (et ça tiendra parfaitement jusqu’à la fin!!!)

🤕km460 :
Je freine dans un virage mais rien ne se passe, c’est la chute. Des bobos un peu partout, la perte de mes lunettes et un rail de selle cassé, je resterai bancal jusqu’à la fin.



🤯💥km880 :
Début de nuit, me voici lancé sur une belle route bien lisse à 60km/h mains en bas du cintre, quand tout à coup… un nid de poule de 20cm de profondeur ! Le choc est si violent que le cintre se casse en deux, la partie basse gauche me restant dans la main.
Je me retrouve à plat ventre sur le cockpit, là main gauche dans les rayons et lutte pour ne pas tomber. Ma main droite (deja bien handicapée pour ceux qui me connaisse) a tout encaissé… je m’arrête et hurle de douleur, les habitants sortent voir ce qu’il se passe et m’offrent l’hospitalité le temps que la douleur cesse suffisamment pour pouvoir repartir.

🏅Je boucle finalement l’aventure à la 10ème place, soulagé comme jamais d’avoir rejoins ce finish-line